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Éditorial de Guillaume Vaillaut
Depuis quelques semaines, je constate avec un mélange paradoxal de satisfaction et d’embarras que de plus en plus de personnes intéressées par la pratique des AMHE s’adressent à la fédération et à ses membres pour savoir comment commencer les AMHE. Satisfaction, évidemment, de voir autant d’enthousiasme pour les AMHE ; et embarras, parce que nous avons à cette heure beaucoup de difficultés à répondre à ce genre de demandes. La communauté, très active, partage nombre de travaux sur les sources, mais aucune fiche d’aide ni aucun ouvrage de vulgarisation n’existent à ce jour. Il faut noter que, par essence, les AMHE ne s’enseignent pas. Les instructeurs donnent des clés aux pratiquants pour aborder, comprendre, et s’améliorer. Ils ne peuvent ni ne doivent dicter une méthode unique. Ensuite, la discipline est jeune et immensément vaste : il faudrait en avoir déjà cerné les limites avec précision. Enfin, les plus expérimentés d’entre nous rechignent à coucher leurs connaissances sur le papier, pour les raisons énoncées plus haut, mais aussi parce qu’ils savent qu’exhaustivité et AMHE ne font pas bon ménage. Heureusement, rassurez-vous, la situation est en train de changer, et nous verrons surement apparaître dans les années à venir des outils qui poseront les bases de la pratique en club des AMHE dans toute leur variété. Actuellement, réjouissons-nous, nous sommes encore dans une période de découverte qui fait de nous tous des pionniers, des plus anciens pratiquants aux débutants les moins expérimentés. Nous sommes sur un pied d’égalité face à la seule, l’unique, l’incontournable référence : les sources historiques ! C’est vrai aujourd’hui et ça le sera demain encore, la FFAMHE s’y engage : pour débuter, vous n’avez pas besoin d’un coach, d’un mentor, d’argent, d’un passé martial, ou d’une thèse universitaire… Vous n’avez besoin que de lire et mettre en pratique les sources, pour, à force de patience et d’ouverture d’esprit, y découvrir, y comprendre, et faire vôtre le savoir des maîtres. Quant aux doutes et aux questions bien compréhensibles, je vous invite à nouveau à aller vers les autres pratiquants, sur les forums (AMHEOnWeb, De Taille et d’Estoc, CELN…), ou encore mieux lors des nombreux stages, pour partager et échanger sur nos multiples et enrichissantes façons de découvrir, interpréter, pratiquer, et transmettre les AMHE. Et parce que notre passion pour les AMHE nous propose chaque jour de nouveaux défis, je vous souhaite au nom du Bureau de la FFAMHE, et je sais que l’équipe de rédaction de ce bulletin se joint à moi, une excellente année 2014, pleine de courage et de persévérance, mais aussi, je l’espère sincèrement, couronnée de réussites et de succès. Guillaume Vaillaut,
président de la FFAMHE Événements à venir :
Rendez-vous est donc donné aux Amheurs de la région parisienne (et d’ailleurs !) le dimanche 2 février 2014 au gymnase de L’Isle-Adam (95) à 10h00. La matinée (10h00-13h00) devrait être consacrée à l'étude du nachreisen (rattrapage, c’est-à-dire un jeu sur la distance) à l’épée longue et au messer. Les stagiaires discuteront non seulement de l’interprétation de cette pièce au regard des sources, mais également de sa mise en application pendant l’assaut. L'après-midi sera consacré au test des règles du tournoi Paris HEMA tournament prévu en juin.
Gilles Martinez propose une série de stages sur l’épée longue selon Fiore dei Liberi. Les sessions auront lieu les samedi 8 février, 8 mars, 12 avril, 17 mai et 14 juin 2014.
La rencontre aura lieu les 25 et 26 janvier 2014. Ces deux journées seront consacrées à l’étude et la pratique des formes de luttes depuis l’antiquité jusqu’à nos jours. La lutte est un sport mondial, universel et intemporel. Les premières attestations archéologiques datent du 3ème millénaires avant notre ère en Egypte, puis on retrouve la lutte aux Jeux Olympiques antiques, dans les manuscrits médiévaux et encore aujourd’hui aux 4 coins du monde : luttes africaines, luttes asiatiques, catch, lutte bretonne, JJB... L’objectif de ces journées est de permettre aux chercheurs, historiens et expérimentateurs de coordonner leurs actions sur cette discipline, et au public de participer aussi bien à des débats autour de l’histoire de la lutte qu’à des ateliers de découvertes de différentes formes de lutte. Pour en savoir plus suivez ce lien :
Olivier Dupuis et l’association ASCBS organisent pour la 10e année consécutive un stage d’AMHE en Alsace les 1er et 2 mars 2014. Cette année le thème de l’événement est l’arme d’hast. Pour en savoir plus sur cet événement et vous y inscrire voyez ce lien :
Un collectif réunissant plusieurs personnalités et associations des AMHE propose la mise en place d’un stage de combat viking les 22 et 23 mars 2014 au Mans.  Rencontre Panamhe à Fontainebleau
Le collectif des associations de la région parisienne se réunira à Fontainebleau le week-end des 5 et 6 avril 2014. Au programme, les participants prévoient d'échanger leurs interprétations de pièces et de techniques. Le dimanche sera consacré au filage de l'événement Paris Hema tournament.
L’association Dagorlad accueillera pour la première fois des amheurs pour un stage de deux jours dans la ville de Pont-de-Buis. Au programme il y aura de l’épée longue allemande, de la lutte, de la faucille et de l’épée bocle. La fiche d’inscription est disponible ici :
Cette rencontre est organisér par les collectifs internationaux HEMA Blacksheep Team et Esfinges. Le stage se déroulera du 6 au 9 juin 2014. L'organisation peut d'ores et déjà annoncer la participations de certains instructeurs bien connus dans les AMHE tels que Keith Farrell, Luis Preto, Francesco Lodà, mais pleins d'autres également.
Stage complet ! Actualités des AMHE :
L’association bourguignonne vous propose une page réunissant l’ensemble de ses travaux et traductions sur les AMHE. On y trouve notamment la traduction des ouvrages de Fiore dei Liberi par Benjamin Conan, ainsi que l’interprétation des pièces du Cabinet d’escrime du capitaine Péloquin par Benjamin Borowiak. Voici le lien :
Elle concerne l’armement médiéval et plus précisément les armes blanches dans les collections bourguignonnes du Xe au XVe siècle. Lien :
L’ensemble des assauts pédagogiques menés par Axel Pettersson avec les participants de son stage est désormais accessible. Vous verrez comment un bon escrimeur s’adapte au jeu de son opposant et comment un bon pédagogue amène son étudiant à sortir de sa zone de confort sans toutefois le briser. L'Ardamhe publie une des traductions restées inachevées de Philippe Errard, la partie traitant de l’épée longue du manuscrit MSKK5012 «l'art de défense chevaleresque» de Peter Falkner (1506) dont voici le lien :
Billet d’humeur de Pierre-Henry Bas
Argh ! Je fais partie des gens qui changent d’avis comme un AMHEurhead de T-shirt noir de l’Hemac Dijon, c’est-à-dire à peu près tous les ans en mai… Quand j’ai commencé les AMHE, ou plutôt pour moi « l’art de l’escrimerie médiévôle germanike », il y a plus de dix ans, j’étais sans doute un gros bourrin. Durant plusieurs années, et malgré une étude attentive des sources (merci l’ARDAMHE), tout simulateur dans mes mains était l’occasion de frapper plus ou moins fort. J’étais un aficionado des assauts et autres sparrings. Mon engouement antérieur pour les compétitions (escrime et équitation) et la volonté de gagner, doublé d’un intérêt tourné en priorité vers les techniques efficaces, me donnaient un léger avantage au sein de mon petit cercle d’adversaires sans que je cherche à me remettre en question… Puis vint le moment de reprendre quelque temps une salle à Saint-Quentin, suivi rapidement par l’aventure lilloise du REGHT (acronyme très pompeux et qui ne veut rien dire à part Recherche et Expérimentation du Geste Historique et Technique) avec ma joyeuse bande de baltringuesTM… Encore une fois, au début taper des gens avec une dague en bois, un shinai ou une tringle à rideau fut assez facile. Et, malgré le fameux problème des coups fourrés (rien à voir avec la tringle en bois) ou des doubles touches, l’étude des livres de combat (retranscription, traduction et interprétation) me donnait davantage l’occasion de piocher des techniques « plaçables » en assaut que de me pencher sur leur fondement. Puis vint le tournant majeur du master, suivi depuis plusieurs années du doctorat sur ce sujet (la théorie des sources et la pratique de la rue aux XVe et XVIe siècles, etc.) et la découverte des ouvrages du grand Paul-Hector Mair. Depuis, je réalise chaque jour à quel point je ne savais rien, ce qui ne m’empêchait pas d’enseigner mes méconnaissances aux autres... Ce n’est pas toujours facile de tout remettre en cause, surtout par rapport aux gens qui vous supportent (dans tous les sens du terme). Heureusement au REGHT il y a toujours eu des gens intelligents (si, si) qui furent capables de comprendre que l’on pouvait changer d’interprétations tous les trois mois (la magie des AMHE ne se fait pas avec une épée à la main, mais bien avec un neuralyzer des Men in Black). Bref, les sources nous montrent que le pouvoir de l’écrit est supérieur au pouvoir de l’esprit et qu’il faut encourager tous les pratiquants à se pencher sur les sources … Faire travailler vos confrères sur un sujet qui vous plaît vous permettra de critiquer si ce n’est pas bien (et ainsi flatter votre ego), et dans le cas contraire, de leur piquer leur travail et leurs idées (en prenant soin de les citer). Le partage permet, d’une part, d’avancer de concert sur des choses non encore établies et, d’autre part, de faire le point sur les éléments qui font l’unanimité. N’hésitez pas à piétiner allègrement certains postulats ou interprétions, surtout si tout le monde est d’accord (en vous levant de votre tabouret, pointant un doigt tendu face au vent et en criant « Noon ! »), mais évitez, par pitié, de réinventer l’eau chaude... Pour ce faire lisez les travaux, -en AMHE ou en Histoire-, des autres (oui oui, achetez nos livres). Cette remise à plat, est ce qui me semble avoir été entrepris depuis quelques temps au sein du REGHT, notamment avec la présence de nouveaux arrivant aux influences « PEAMHEsques » et bien plus récemment de nos comparses du Nord Marozzoistes (Catherine Loiseau et Aurelien Calonne) ou Thibesques (Alexandre Guidoux). Nous avons un objectif commun : faire de l’escrime, gagner nos assauts (ou pourquoi pas des compétitions) dans cinq ans ou dix ans, ne pas être limité par la condition physique et surtout avoir la classe… Car comme vous le savez, nous croyons comme au Moyen Âge que ce qui est beau est efficace et que ce qui est efficace est beau (ce qui est rarement visible dans notre façon de s’habiller). Terrible paradigme historique, capable de démotiver certains d’entre nous à apprendre « l’art chevaleresssque du combat mousquetaire », et qui ne répond pas à la question que l’on n’ose plus poser aux historiens et aux philosophes « A quoi ça sert ? ». Eh bien, « A rien, petit», car nous faisons des AMHE et que dans AMHE, il y a une jolie lettre que l’on retrouve au début de jolis mots comme à Hache, Hippisme, ou HISTOIRE… Ainsi, quand on regarde les sources et les livres de combat, notamment ceux du début du XVIe siècle, on se rend compte que faire de l’escrime « c’est compliqué » et que surtout ça se fait à deux. Si votre « adversaire » veut simplement vous toucher, il y arrivera. Si vous refusez de vous défendre, vous subirez au mieux une double touche et ce sera peut-être « histo », surtout si vous vous intéressez au combat de taverne…C’est pourquoi nous essayons de développer une passion pour les jeux d’échecs, car nous aimons de moins en moins les jeux de hasard. Travailler la tactique, la seconde intention est certes plus évident en lutte, mais il s’agit de s’orienter vers la même chose en escrime. Attaquez correctement votre adversaire, gardez l’initiative ou au contraire acceptez de vous défendre et vous vous rapprocherez alors des sources. Réitérez sans cesse vos attaques, même les plus basiques, afin d’une part de vous créer des occasions, d’exploiter les erreurs de l’adversaire et même à la limite de lui permettre de placer une jolie technique ou une belle projection de lutte, bref acceptez de vous faire surprendre : terrible, non ? Soyez beau et fier comme un coq qui se fait déplumer, n’oubliez pas que c’est un jeu et que le but n’est pas de vaincre réellement l’adversaire (sinon, prenez un flingue), mais de le vaincre sur un plan technique et tactique. Si vous n’acceptez pas la possibilité de perdre, alors laissez tomber l’escrime et essayez le MMA et vous serez bien meilleur que moi…L’étude de cet aspect dans les sources (la finalité du geste, l’efficacité technique, la contextualisation, etc.) a d’ailleurs été abordée en octobre dernier, lors du colloque de Genève (L’expérimentation du geste Méthode d’investigation des arts de grâce et de guerre du Moyen Âge à l’époque moderne). Le courage en AMHE, c’est de se remettre en question et de prendre appui sur les critiques des copains (et des autres aussi) ; le courage en combat c’est d’affronter de manière peut être un peu plus « conventionnelle » un adversaire plus ou moins fort et même de perdre en essayant des techniques que vous ne maîtrisez pas encore bien…car à l’instar d’un ballon en vessie de porc, l’AMHEurhead est fait de telle sorte, que plus on le frappe, plus il peut s’élever… Pierre-Henry Bas |
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