Bienvenue à l’association Armatura, basée à Chalon-sur-Saône, qui est devenue ce mois-ci la 44e association affiliée à la FFAMHE. Sous l’égide de Mickaël Vieillard, les vingt membres étudient le dussack et la canne. L’épée longue et l’épée-bocle selon le Ms. I.33 formeront le cœur de la pratique de cette association.
L’association dispose d’un forum de discussion :
http://armatura.forumgratuit.org

Et d’une page Facebook :
https://www.facebook.com/Armatura.AMHE

L’Académie AMHE organise un stage sous la direction technique de Gilles Martinez, consacré à la pratique de l’escrime avec l’armement spécifique du XIe au XIIIe siècles. Pour en savoir plus référez-vous à la fiche d’inscription :
http://amheonweb.net/forum/download/file.php?id=33

L’association Dagorlad accueillera pour la première fois des amheurs pour un stage de deux jours dans la ville de Pont-de-Buis. Au programme il y aura de l’épée longue allemande, de la lutte, de la faucille et de l’épée bocle. La fiche d’inscription est disponible ici :
http://ppl.ug/addbUx-2aY8/

Les XIIIe rencontres de l’HEMAC à Dijon. Les Rencontres de Dijon offrent depuis 2002, un espace de découverte, de discussion et de partage à tous ceux qui recherchent ou pratiquent les AMHE ainsi qu’une occasion pour les curieux de venir se renseigner. L’édition 2014 aura lieu du 8 au 11 mai.
Informations et programme : http://hemac-dijon.com
Pour toute question ou renseignement, contact : hemacdijon@yahoo.fr

Instructeurs : Jérémy Clog, Julien Garry, Benoït Lelion,
Lieu : Fort Grossherzog v. Baden, Chemin des Coteaux, 67205 Oberhausbergen
Date : 7 et 8 juin 2014
Fiche d’inscription : http://pdf.lu/5IwS
Programme : baïonnette, boxe française, canne.
Coût : 20€ par personne.
Logement au fort et repas fournis.

Le « Paris HEMA Tournament » organisé par AMHE Paris et le collectif PANAHME aura lieu le samedi 14 juin 2014 à la Cité Universitaire de Paris. 36 compétiteurs (numerus clausus) vont s’affronter. Informations et inscriptions ici :
https://drive.google.com/file/d/0B6jOlv1mkO2rRzMxZU5wRTRHcU0/edit?usp=sharing

Stages-Conférences-Démonstrations sur les gladiateurs.
Infos : www.ars-athletica.com

Gilles Martinez propose une série de stages sur l’épée longue selon Fiore dei Liberi. Les sessions auront lieu les samedi 17 mai et 14 juin 2014.
Pour en savoir plus, référez-vous à la fiche de présentation du stage

L'événement Cornucopia a été reprogrammé : il se tiendra du 12 au 14 septembre au Lac de Panthier, Vandenesse-en-Auxois.
Lien : https://www.facebook.com/events/1413282142269048/?ref=ts&fref=ts
Contact : hemablacksheepteam@gmail.com

Nous étions 25 participants, dont 14 instructeurs, venus des quatre coins de la France pour rencontrer Roland Warzecha qui nous a gratifié d'un grand moment d'étude dans un anglais impeccable et très compréhensible.

Roland a basé l'ensemble de son stage sur la manière d'intégrer les principes qui régissent de manière globale les arts martiaux, au sein de la pratique de l'épée et de la bocle.

Il est assez honnête de sa part de bien séparer les phases de travail sur des concepts tardifs comme les temps de mains et de pieds de Silver, les manœuvres de Lignitzer ou bien plus contemporain encore, le "coup de poing sans recul" de Bruce Lee. On pourrait vite tomber dans le syncrétisme avec cette approche, mais ça n'a pas été le cas. Roland se sert d'exemples et nous les fait expérimenter à travers divers cas tout en balisant ce qui peut être une aide et ce qui est un cas technique spécifique tiré d'un manuel.

Rapidement et de manière non exhaustive, le samedi a été consacré, je crois, aux concepts d'explosivité, d'économie d'énergie à travers notamment l'utilisation des deux points de rotation de l'épée, de placement et d'approche tout en nous familiarisant avec le slow sparring sur une pièce de Lignitzer.

Le dimanche a été centré sur le 1.33 avec la conquête du centre, les liages bas et haut et l'optimisation du placements des deux armes l'une avec l'autre, ainsi que l'étude du durchtretten dans la 1ère pièce.

Durant tout le week-end, Roland n'a fait que répéter oralement les principes, et nous solliciter en permanence afin de garder notre compréhension en éveil. "Slow is precise, precise is fast". Il alterne assez bien les grandes explications et les moments de pratiques. Il manipule ces derniers avec aisance et nous a donné des bonnes idées à ramener à la maison, comme le fait de demander à chacun de faire trois sparring de trois assauts avec un partenaire différent après chaque cas de figure. Lorsque que quelqu'un a fini, il lève son épée ou sa bocle et cherche quelqu'un qui a également son épée levée pour faire un sparring. Le timing est prévisible pour l'instructeur et tout le monde rencontre tout le monde.

© Susanne Warzecha / DIMICATOR

Sa vision du 1.33 reste personnelle, notamment sur sa façon d'empoigner l'épée ou ses engagements sur le moyen mais Il annonce à chaque fois si il s'agit de sa propre réflexion ou bien tirée du manuel. Son propos est très cohérent et s'articule assez bien avec les exemples sourcés.

J'ai tenté de me fondre dans sa logique sans essayer de chercher le défaut. Cela m'a permis d'avoir l'esprit neuf et d'aborder son point de vue de manière plus efficace. C'est assez agréable de se laisser porter de temps en temps.

Nous avons partagé également nos interprétations avec lui. Nous avons appris, travaillé et bien ri. Que demander de plus ?

© Roland Fuhrmann

Ce que j'ai vraiment préféré dans ce stage c'est l'exigence que Roland nous a demandé dans les positions. Cela nous permet en tant qu'instructeur de pouvoir mieux nous corriger sur place et, une fois rentré à la maison, de garder ces consignes vivaces. J'ai vraiment aimé ce degré assez élevé de précision des gestes : allier relâchement du corps, tension des membres postérieurs et exactitudes du placement des armes.

J'ai trouvé, pour ma part, que l'échauffement aurait pu être un peu plus conséquent, notamment pour les reprises de l'après-midi, car mes vieilles articulations m'ont rappelé à l'ordre, mais c'est vraiment le seul reproche que je pourrais formuler. Je souhaite sincèrement à chaque pratiquant d'épée/bocle de croiser la route de Roland Warzecha au moins une fois.

"Mention spéciale" pour l'orga de l’Ost du Griffon Noir. Un sans faute. Merci à vous !

Une citation de R. Warzecha, pour finir, que je trouve tellement vraie s'agissant de notre pratique des AMHE : "Don't forget that when we are talking about HEMA we are like teenagers speaking about sex"…"

Bonjour Roland. Je suis heureux que tu aies accepté cette interview. Pourrais-tu d’abord te présenter.

Eh bien. Je vais surtout vous parler de mon passé martial et des activités qui s’y rapportent.

J’ai été un reconstituteur Viking assidu depuis le début des années 1990 et j’ai pratiqué les sports de combat qui s’y rapportaient. Entre 2000 et 2005, j’ai été entraîné par Axel Wagener et Heiko Lempio pour l’UCC (Ultimate Close Combat) rapporté à l’escrime. Grâce à cela, j’ai acquis un savoir important des concepts martiaux fondamentaux. Ça a eu une influence considérable sur mon approche de la reconstitution d’escrime médiévale. J’ai été engagé dans les AMHE depuis 2003. Mon principal sujet de recherche est le combat épée/bocle selon le Ms. I.33 et les maîtres allemands postérieurs comme Lignitzer, Talhoffer et Kal.

Par ailleurs, je travaille sur la reconstitution du combat de duel avec les boucliers ronds à manipule centrale et les boucliers triangulaires du Moyen Âge central. Pour cela, je collabore étroitement avec des experts internationaux, des scientifiques et des musées. Dernièrement, on m’a demandé d’agir en consultant sur les armes et le combat médiévaux pour le nouveau projet d’un Musée Européen de la Hanse à Lübeck. J’ai bien sûr accepté avec joie cette tâche.

Je suis devenu membre de l’HEMAC en 2007 et du CFAA en 2011. J’ai été instructeur pendant des années à Hammarborg, groupe que j’ai co-fondé. En 2013, j’ai quitté Hammaborg pour monter ma propre école : DIMICATOR. Je suis aussi à l’initiative du Berlin Buckler Bouts, un événement dédié au jeu libre à l’épée/bocle. Cet événement se tient au club AMHE de Berlin Twerchhau.
Il y a quelques années, j’ai participé avec succès à des tournois internationaux et gagné des compétitions à La Corogne (Espagne) et à Götheborg (Suède). J’ai également mené des interventions en Allemagne, Suisse, Autriche, France, Espagne, Danemark, Suède, Finlande et aux Etats-Unis.

Tu as été l’instructeur du stage I.33 des 15 et 16 mars organisé à Toulouse par l’Ost du Griffon Noir. Peux-tu nous donner ton retour sur l’événement et sur les pratiquants que tu as vu à cette occasion ?

Lorsque je mène des interventions, je dois d’abord évaluer le niveau général des pratiquants et adapter mes exercices en fonction afin que ceux qui y assistent en tirent le meilleur. Avec les pratiquants de Toulouse, ça a été très facile : la majorité avait des années d’expérience et connaissaient bien le traité I.33, ce qui aide énormément. J’ai réussi à boucler presque l’ensemble du programme que j’avais préparé, ce qui est assez exceptionnel.
Le plus gros challenge d’un stage d’un week-end – enfin, de la manière dont j’enseigne – est de mener de front tous les objectifs. Dans les arts martiaux, chaque détail a son importance. Il n’y a que si on fait tout correctement qu’une technique va fonctionner dans un contexte particulier. Ainsi, l’épuisement mental de l’étudiant est un problème bien plus important que la fatigue physique même si les exercices, drills, et jeux libres sont également très exigeants.

Peux-tu nous donner un bref résumé des ateliers ?

Bien sûr. Comme je l’ai dit aux personnes qui assistaient au stage : on ne peut espérer maîtriser aucune technique martiale en l’espace d’un week-end. En revanche, on peut espérer apprendre à comprendre les principes qui permettent à la technique et à la tactique de fonctionner. Si un pratiquant acquiert ce type de regard, il peut utiliser son savoir pour analyser sa propre performance. En menant une sorte de check-list des principes sous-jacents, il pourra comprendre lui-même pourquoi une technique donnée va fonctionner dans un contexte précis, mais échouer dans un autre. Ou il comprendra l’erreur de son exécution technique. Mon enseignement vise donc à aider les étudiants à mieux comprendre leur style de combat, pour qu’ils améliorent eux-mêmes leurs compétences, même une fois qu’ils s’en sont retournés à leurs clubs et écoles respectifs.
J’ai d’abord choisi le premier jeu de bocle de Lignitzer pour donner un focus sur les mécaniques du corps et de l’épée mises en jeu, sur la technique et la technique, et sur les concepts qui sous-tendent l’ensemble. Puis, nous avons considéré les pièces du I.33, en particulier le reliage, les coups de bocle et les contres respectifs. Nous avons également réussi à couvrir des aspects de la protection contre la seconde garde du I.33, ce qui nous a donné une comparaison intéressante avec l’approche de Lignitzer.

J’ai donné un focus spécifique sur le mouvement dans le bon rythme et comment entrer sous la garde afin de gagner le centre. C’est une théorie d’escrime très complexe et cependant fondamentale pour gagner un combat individuel à l’épée avec efficacité et sécurité.
Pour combler le fossé entre les exercices techniques et leur libre application, nous avons pratiqué encore et encore des rounds de jeu lible, en se focalisant sur la précision et l’intention, en imposant un rythme permettant d’éviter toute fébrilité, ce qui aurait été contre-productif à un conditionnement correct des techniques.

Comme tu peux le voir, ça a été un programme très élaboré et les performances des étudiants ont été impressionnantes.

Quels conseils peux-tu donner pour les novices de l’épée/bouclier selon le I.33 ?

Le même conseil basique valable pour l’apprentissage de tout art martial : sois patient, humble, motivé, discipliné et vise toujours l’excellence. Trouve la meilleure instruction que tu peux avoir. Sois conscient qu’il te faudra trois à quatre années d’entraînement régulier avant d’apprendre ne serait-ce que la gestion des distances. Il n’y a pas de voie de facilité, pas de raccourci. Mais ça vaut vraiment le coup et le bon entraînement affectera à la fois ton esprit et ton corps de la manière la plus positive possible.

Tu considères l’escrime du I.33 comme un chef-d’oeuvre et un art d’un raffinement extrême. Peux-tu nous en dire plus ?

J’ai bien peur que ça soit impossible sans se plonger profondément dans l’étude de la source et du matériau. Mais, dès qu’on se rencontrera avec une heure à perdre, je te le montrerai avec joie, épée en main !

Quelques mots pour conclure ?

Eh bien, merci beaucoup pour ton intérêt et pour cette interview. J’espère que nous aurons la chance de croiser le fer un jour !

Merci beaucoup Roland et à bientôt j’espère.

Les associations AMHE du Maine et Drekar en partenariat avec la FFAMHE ont organisé le premier événement national axé sur le combat viking.
Une quarantaine d'AMHEurs et de reconstituteurs se sont retrouvés fin mars afin d'échanger, de pratiquer et de lancer une véritable dynamique autour de cette spécialité ! De ce point de vue nous pouvons dire que cette première édition fut une réussite !!
Au programme du samedi, un atelier épée/bouclier qui a permis à tous de fixer quelques grands principes (posture, pivots, percussions...). Ensuite deux ateliers en parallèle : une approche de la glima d'Enoksen et un atelier sur les déplacements avec diverses armes. Ce samedi s'est conclu avec quelques exercices de coupe et assauts libres.
Le dimanche ont été repris les deux ateliers parallèles. L'après-midi a été chargée et centrée sur le combat lance/bouclier et sur le combat de ligne. Ce fut un moment privilégié pour tester quelques manœuvres et de découvrir la situation du combat de groupe.
Bref, un week-end productif et dans un esprit de coopération ! Aucune blessure importante à déplorer. Malgré la fatigue du bouclier, nombreux étaient les participants qui avaient hâte de s'entraîner, de creuser telle ou telle piste et de se revoir ! Un collectif de recherche et d'expérimentation sur le combat viking est en réflexion actuellement. Un seul regret peut-être : toujours pas de bonne blague viking...

Christophe Champclaux et Linda Meriau, de Karate Bushido ont mené un reportage passionnant intitulé « La résurrection des Arts Martiaux Historiques Européens » que vous pouvez visionner en suivant ce lien :
https://www.youtube.com/watch?v=HWiPOp6BW0U
Retrouvez Karate Bushido sur internet : http://www.karatebushido.com

Ces derniers temps, on observe de plus en plus d’interventions de pratiquants d’Arts Martiaux Historiques Européens dans des structures universitaires :

Le 17 mars, Pierre-Alexandre Chaize a mené une intervention intitulée « Gestes et combats, patrimoine matériel et immatériel » dans le cadre du séminaire « Cultures, Sociétés, Identités dans les Mondes Médiévaux » donné à l’Institut d'Etudes Culturelles et Internationales de l’Université de Saint-Quentin-en-Yvelines (78). Un petit album a été réalisé à ce sujet.

L’association De Taille et d’Estoc a quant à elle participé à la journée Campe ton Campus du 26 mars au Campus Universitaire des Facultés de Dijon (21). Présentation de sources, démonstrations. Un beau panel des activités des AMHE a été présenté au public étudiant. Un petit tour sur l’album réalisé pour l’occasion s’impose !

L’association du REGHT participera à La Journée des Arts et de la Culture dans l’Enseignement supérieur. Vous pourrez les retrouver le 10 avril 2014 au Cabaret du Sully, Villeneuve-d’Asq (59). Et nos amis du Nord ne s’en tiennent pas là puisqu’une rumeur persistante voudrait qu’ils investissent le monde des revues de vulgarisation : un article signé Pierre-Henry Bas traite de la hallebarde dans le dernier numéro de la revue Guerres et Histoire.

Merci à tous les pratiquants et organisateurs pour ces initiatives !

De nouveaux exercices pour les AMHE ont été proposés. Voir la playlist dédiée sur la chaîne FFAMHE
Exercices de coordination bras - jambes
Travail du Winden
Coordination bras - jambes, arme en main.

La playlist s’enrichit de nouveaux épisodes et est désormais complète.

La collection PALAS se voit augmentée de deux nouvelles numérisations. Il s'agit d'ouvrages sur l'escrime à cheval du 19ème siècle.

Le premier date de 1834 et est l’œuvre d'un officier polonais du nom d'Ivanowki. Retrouvez la numérisation ici :
http://www.ffamhe.fr/ivanowski-1834/

Le deuxième ouvrage est un magasine de la fin du 19ème siècle qui traite de l'escrime et de la gymnastique, à cheval évidement. Vous pouvez le lire, ainsi que les autres numéros de la série (qui sont sur Gallica) depuis cette adresse :
http://www.ffamhe.fr/la-science-des-armes-dans-la-cavalerie/

Enfin, nous tenons à vous informer que la page oubliée dans le traité de lutte de Léon Ville a été rajoutée (page 52 et 53 du chapitre "Vis Facit Virum"). Les passionnés de lutte vont enfin connaitre la fin du combat entre Ulysse et Ajax. Le traité est accessible à la même adresse :
http://www.ffamhe.fr/la-lutte-et-les-lutteurs-leon-ville-1891/

Merci à AMHE Paris et à l’ARDAHME pour la traduction complète et le partage de la section lutte du Cod. I.6.4°.2, dit " Codex Wallerstein ".

Traduction : http://ardamhe.free.fr/biblio/CW_Lutte_traduction_FR_v1.0.pdf
Fac simile : http://ardamhe.free.fr/biblio/CW_Lutte_Facsimile.pdf

N’hésitez pas à venir commenter, discuter de la traduction ici : http://www.amheonweb.net/forum/viewtopic.php?f=7&t=507

http://de-taille-et-destoc.soforums.com/t3319-Broadsword-Basket-hilt-Traduction-fr-Thomas-page.htm

https://dl.dropboxusercontent.com/u/18927715/Fiore_SpadaEAzzaInArme_FR.pdf

https://dl.dropboxusercontent.com/u/18927715/Fiore_Lanza_FR.pdf

https://dl.dropboxusercontent.com/u/18927715/DallAgocchie_SpadaPugnaleCappa_FR.pdf

https://docs.google.com/file/d/0ByGICcee2dhNRDQ4LW9pT2hMVGc/edit

Gautier Petit est le gagnant 2014 du Prix Philippe Errard pour son atelier : « L’épée longue selon Vadi : Giocco Largo et Giocco Stretto ». Il a présenté cet atelier lors du stage de Nantes (week end du 12/13 avril); et à la suite de l’atelier le prix lui a été remis par Didier de Grenier, président de l’ARDAMHE et vice-président de la FFAMHE.

Le Jeu de la Hache, n'a pas de titre propre, si ce n'est celui de la Bibliothèque nationale de France (MS Fr 1996). Il a été répertorié, au cours de l'histoire, sous les noms de « Le Jeu de la Hache ; couvert de velour noir » en 1544, « Le jeu de la hache d'armes » en 1622 ou encore « Le Jeu de la hache d'armes pour soi habilitier en armes » en 1645.

A ce jour, il s'agit du plus ancien traité de combat en langue française connu. Le support mesure 240 mm par 160 mm. Il est communément établi que le manuscrit fut rédigé par un auteur anonyme Milanais sous le règne du Duc de Bourgogne Philippe II « le Hardi » aux alentours de l'an 1400 (selon Sydney Anglo). Cependant, une réelle étude paléographique et codicologique devrait être menée à ce sujet car la graphie semble plutôt datée de la seconde moitié du XVe siècle, et non du début du siècle.

MS FR 1996

L’œuvre est découpée en 73 paragraphes. Les trois premiers, entièrement soulignés en rouge, forment l'introduction du traité. Le reste du manuscrit est divisé en deux parties distinctes, à savoir le combat opposant deux droitiers (48 paragraphes) et le combat opposant un droitier et un gaucher (22 paragraphes). Chacune des parties est précédée et mise en valeur par un titre écrit en rouge et souligné de la même couleur.

Lorsque l'on parcourt les pages du manuscrit, des grands carrés blancs sont présents dans le corps de texte sur la gauche de la page. En analysant l'enseignement de l'auteur, on comprend que les techniques sont regroupées entre elles par scènes (groupe de pièces), c'est-à-dire une technique principale suivie d'une variante, d'un contre, d'un échec, etc. Dans la majorité des cas, la présence de ces carrés sert au découpage en scène. Cependant, ce « blanc » donne une impression de vide, de manque dans le manuscrit. L'hypothèse la plus plausible pour donner un sens à l'existence de ces carrés est l’absence d'une miniature.

De même, chaque paragraphe débute par un petit retrait. La encore il y a un manque, probablement une lettrine, plus exactement la lettre « I » calligraphiée. Ce « I » manquant peut compléter le mot « Tem » que l'on retrouve à chaque retour à la ligne afin de former le mot « Item ». Par ce procédé, l'auteur décompose son enseignement en annonçant une nouvelle pièce au sein d'une même scène.

Le Jeu de la Hache se démarque de la majorité des autres manuscrits pour deux principales raisons. Premièrement il se place dans une optique de tournois et non de duel à mort. Rappelons que le duel judiciaire est une pratique non autorisée en France au XVe siècle. Le combattant cherche donc à marquer des points ou à sortir son adversaire de la lice pour vaincre, il n'a pas besoin de le soumettre ou de le tuer. Deuxièmement, à l'inverse des autres auteurs (Talhoffer, Paulus Kal...) qui ne présentent que quelques jeux à la haches, le manuscrit bourguignon propose un système suffisamment complet pour se suffire à lui même. Il ne se contente pas de décrire un florilège de techniques susceptibles d'être rencontrées en situation de combat ou même quelques astuces intéressantes à travailler. L'auteur pose une situation générale et donne les réponses qui conviennent ainsi que les variantes qui correspondent aux réalités de l'affrontement. Il s'agit d'un véritable système martial qui aborde presque toutes les situations qu'il est possible de rencontrer en combat afin de leur proposer une réponse logique.

La pédagogie choisie est dite en spirale ou spiralée. Le maître décrit une situation, puis revient plusieurs fois sur la même notion au cours de la formation en présentant des variantes afin de laisser à l'élève le temps d'assimiler et de s'approprier les connaissances techniques. Une exception est faite au sujet du tour de bras et de ses contres. Présentant la base du manuscrit et les coups les plus rencontrés, ces techniques sont regroupées sous deux sections distinctes (le travail avec un droitier et le travail avec un gaucher).

Le manuel se veut le plus simple, schématique et répétitif possible afin que l'étudiant mémorise facilement les réactions à avoir. En effet, les trois premières pièces (Items 4, 5 et 6) ne présentent qu'une seule et même technique. Les variations présentées sont le positionnement initial des pieds défini par la garde adoptée (pied droit ou gauche en avant) et le déplacement (on avance ou on recule lorsqu'on est en garde de la croix). En deuxième exemple, on aperçoit dans le Jeu du Gaucher à Droitier que l'auteur adapte le plus souvent des techniques rencontrées dans la partie Droitier contre Droitier en rappelant au lecteur qu'il les a déjà travaillé plus tôt.

Pour qui travail ou étudie un peu le combat en armure, ce manuscrit est un véritable plaisir à étudier car toutes les réactions proposées par l'auteur sont réfléchies de manière à épouser les mouvements de l'armure.

Les deux gardes principales proposées (garde de la queue et de la croix) sollicitent peu les muscles des membres supérieurs, les bras sont détendus et la hache presque horizontale. On retrouve les mêmes gardes chez Fiore dei Liberi avec des noms différents : la « posta breve » correspond à la garde de la croix (ou de la dague) et la « posta de vera crose » (garde de la vraie croix) correspond à la garde de la queue.

Il est possible d'utiliser d'autres gardes entrant dans une des deux catégories, croix en avant ou queue en avant, notamment des variantes près du corps. Cependant les deux illustrations décrites sont les plus confortables en armure et permettent de réagir très vite à condition que l'action soit initiée par le reste du corps.

Fiore - Ms. Ludwig XV 13 - Getty

Dans la majorité des situations, les déplacements sont assez simples, le pied arrière passe en avant (il s'agit de « marchier » ou de « desmarchier » dans le texte) ce qui induit une direction de déplacement en fonction de la position initiale des pieds. Pour cette raison, certaines techniques ne sont décrites qu'à partir d'une garde donnée. Ou encore, revenons aux trois premiers Items (4, 5 et 6), le fait de partir d'une garde de la queue ne nécessite pas de déplacement pour dévier un tour de bras alors que la garde de la croix nécessite soit d'avancer (Item 4) soit de reculer (Item 6) afin d'inverser les appuis. L'auteur considère que le combattant en armure perd beaucoup de sa mobilité. En caricaturant un peu, on peut comprendre qu'il se déplace un pied après l'autre, à l'aide de grands basculements de hanches, les épaules dans le même plan que les hanches. Les bras, l'un montant et l'autre descendant, servent principalement à placer la hache. Cette lourde marionnette armurée, bien que grotesquement schématique, correspond assez bien à la logique du manuscrit et à la vision de l'enseignant. Presque toutes les solutions techniques apportées dépendent de cette vision du combat armuré.

Toute règle ayant une exception, l'auteur introduit un autre type de déplacement, le pas glissé (« ung pie chassant lautre » ou « lung pie apres lautre ») permettant de ne pas inverser les appuis. Il s'agit de se mouvoir en « pas glissés », c'est-à-dire que le pied avant reste à l'avant, sans partir à l'arrière et donc sans changer l'orientation du buste et de l'arme par la même occasion. Ce déplacement dans l'axe est particulièrement recommandé pour fuir le combat en se protégeant de la hache.

Une fois cette mécanique comprise et assimilée, il devient facile de mémoriser les différentes variantes et leurs intérêts.

Les deux mains sont approximativement chacune à un tiers de l'arme et les pouces sont opposés (l'un vers l'autre). Ce positionnement permet d'épouser la dynamique de l'armure en travaillant essentiellement avec les hanches. Le reste du corps suit, en particulier les bras, et permettent des défenses plus systématiques que les pouces dans le même sens. Comme énoncé plus haut, beaucoup de mouvements demandent à monter un bras et descendre le second, ce qui a pour conséquence de balayer tout un plan avec l'arme et donc d’intercepter plus facilement la hache adverse. La vue et la précision, qui pouvaient être réduites par le port du casque, se voient compléter par ce balayage et par le positionnement de l'arme qui couvre presque l'intégralité du corps.

A l'inverse, le positionnement des deux pouces dans le même sens nécessite de jouer d'avantage avec les bras qu'avec le corps. Dans le cas du rabat de la hache adverse (Items 4, 5, 6, 7...), le fait d'avoir les deux pouces dans le même sens exige de lever haut la hache (horizontale au niveau du visage) en verrouillant la ligne des épaules. Cette position est particulièrement inconfortable en armure et laisse entrevoir d'immenses ouvertures sur le reste du corps. D'autres arguments, trop longs à développer dans ce court article, permettent de déduire que les pouces sont clairement mis l'un vers l'autre sur la hache tout au long du MS Fr 1996.

Au fil du manuscrit, l'auteur n'a de cesse de revenir sur plusieurs conseils. Loin d'un travail statique, l'arme doit être mobile. Il faut rester menaçant en harcelant l'opposant d'estocs successifs au pied, à la main et au visage afin de le dissuader de lancer son attaque. De même, il faut rester souple sur son arme, ne pas se crisper afin d'accepter toute action de l'adversaire et de la retourner contre lui. Tenir fermement l'arme ne sert que dans les coups et l'exploitation de certaines entreprises. Et enfin, si la situation vous échappe, ou que la technique ne se déroule pas comme prévue, un seul mot d'ordre : revenir immédiatement en garde en se protégeant. Il est inutile de prendre des risques ou de laisser à l'adversaire l'occasion d'exploiter une erreur.

Il faut donc être souple sur son arme, la laisser en mouvement tout en étant menaçant avant de frapper de manière sèche, « sèche » et non « forte » car il y a un grand danger de se laisser emporter par l'inertie de l'arme. Et le fait de frapper de petit coups très secs aide à désarmer ou dévier l'arme adverse et, tout en utilisant le rebond de la hampe, de réagir très rapidement soit pour frapper, soit pour se défendre d'un contre.

La compilation de sources diverses est souvent dangereuse dans notre pratique, en particulier si elle n'est pas réfléchie. Dans le cas de la hache, à condition de cerner les nuances du combat armuré et non armuré mais également des traditions de combat, les manuscrits se complètent étonnamment bien afin de mener une étude globale.

Hanz Talhoffer propose quelques techniques très diverses et, entre autre, complète nos connaissances en enseignant quelques entrées en lutte avec armure (Thott 290 2° de 1459) ou sans armure (Cod Icon 394a de 1467). Talhoffer aurait été un bon lutteur, il est donc logique qu'il utilise ses prédispositions afin de surprendre et dominer l'adversaire. Dans cette logique de lutte, Talhoffer n'hésite pas à lâcher son arme afin de contrôler l'adversaire ou son arme. L'image est un très bon support pour développer cet enseignement. Le Jeu de la Hache donne peu de conseils ou de techniques à ce sujet. Ces connaissances supplémentaires tirées des manuscrits de Talhoffer nous évite de grandes erreurs, en tant qu'AMHEurs, quand à la mise en pratique de certaines scènes.
Le texte étant un support plus difficilement exploitable pour le corps à corps, l'auteur du MS Fr 1996 semble tout de même écarter volontairement les entrées en lutte à main nue de son enseignement. En effet seulement deux techniques demandent de lâcher l'arme d'une main à condition de la ressaisir immédiatement (Item 27 et 59).

Paulus Kal, contemporain - et concurrent - de Talhoffer, dans son manuscrit Cgm 1507, ne montre qu'un petit corpus de quelques techniques concernant principalement un droitier et un gaucher. Il est néanmoins intéressant de remarquer que les deux gardes qu'il privilégie sont très proches du corps (voir image ci-contre). Sa garde de la croix semble particulièrement étrange au premier abord puisqu'elle se présente avec la main de la croix au niveau, voir contre, le front. Pourtant l'expérimentation en armure, montre que cette garde est très confortable et correspond au geste minimal en armure pour ramener l'arme contre soit sans perdre en visibilité.

Paulus Kal - Cgm 1507

L'Anonyme Bolognais de Ravenne (Ms 346) présente une quinzaine de techniques dont quelques conseils utiles afin de ne pas laisser durer un combat. Planter le talon de la hache dans le pied de l'adversaire ou frapper les attributs masculins sont tout à fait recommandé, l'auteur fait bien comprendre qu'il faut savoir se saisir de toutes les opportunités. On trouve également quelques contres supplémentaires inédits afin de déjouer des techniques très répandues comme le renversement arrière que l'on retrouve pourtant dans presque tous les manuscrits qui traitent du combat à la hache d'arme. En se basant sur les gardes et le placement des pieds des deux adversaires, l'Anonyme Bolognais semble donner les bases techniques minimales qui permettent de se sortir d'une majorité de situation. Les gardes nommées, mais non décrites, rappellent celles rencontrés dans les manuscrits de Fiore ou de Vadi. Pourtant l'escrime développée dans l'Anonyme Bolognais semble très différente de celle de ces deux autres auteurs.

L'escrime de Fiore Dei Liberi est à mettre de coté par rapport aux sources préc édentes. Ses ouvrages (Pisano Dossi, Getty, et BnF) proposent un système qui semble pouvoir répondre à la majorité des situations avec juste quelques techniques. Ces quelques techniques s'intègrent à la pédagogie en spirale de l'auteur car elles requièrent des connaissances préalables sur l'art de la dague (pour les clés notamment) et de l'épée en armure. Davantage encore que dans son art de l'épée, il élague son corpus technique afin de ne présenter que le minimum de ce qui est efficace au cours d'un duel sans avoir à s'encombrer l'esprit du florilège de techniques qui fait la richesse du combat à la hache (à l'inverse du MS Fr 1996). A la fin du Getty, Fiore nous laisse découvrir deux haches très particulières que l'on ne rencontre nulle part ailleurs. La première de ces haches contient une dose de poivre qui éclate vers l'adversaire lors du choc avec son arme, et la seconde possède une tête qui se détache de la hampe afin d'entourer l'opposant d'une corde qui relie les deux parties l'arme. Ces deux armes semblent avoir bel et bien existé, puisque Fiore, bien que refusant leur utilisation, signale que ce cas de traîtrise est tout à fait possible.

Le croisement de tous ces manuscrits permet d'identifier des techniques « classiques » qui reviennent fréquemment et qui sont souvent présentés dans les premières pièces des ouvrages. On déniche ainsi également plusieurs variantes de contre en fonction des auteurs, plus ou moins complexes à mettre en œuvre, ce qui laisse pressentir qu'il s'agit d'un contre personnel de l’enseignant. Il est également particulièrement intéressant de comparer certaines techniques en fonction du port ou non de l'armure. Cela permet, dans une étude AMHE, de mieux comprendre les tenants et aboutissants de l'enseignement dispensé par l'auteur du Jeu de la Hache.