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EDITO |
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La communauté française des AMHE a maintenant une quinzaine d’années d’existence, et durant ces quinze années, les interprétations, le matériel et la pratique ont évolué. Mais c’est surtout depuis la fondation de la FFAMHE en 2011, que le nombre de pratiquants et le nombre d’associations ont explosé. Les nouveaux pratiquants affluent, avec la soif d’apprendre des traditions martiales d’un genre nouveau, mais pourtant vieilles de plusieurs siècles. La transmission de ces traditions martiales s’étant interrompus au cours de l’Histoire, il est impossible de donner une légitimité historique à un instructeur plutôt qu’un autre. Et du coup, d’une façon naturelle, les nouveaux venus se sont tournées vers les plus expérimentés des pratiquants d’AMHE pour apprendre. Ces instructeurs ont partagé (bien souvent gratuitement et depuis plusieurs années) leur expérience martiale, leur savoir-faire, et surtout leur connaissance des sources durement acquise. Une formation d’instructeur permettrait d’améliorer grandement la transmission de ces savoirs. Mais voyons les choses telles qu’elles sont : les instructeurs d’AMHE n’ont pas attendu d’avoir un diplôme pour transmettre leur savoir, et plusieurs de ces instructeurs bénévoles ont même acquis une expérience loin d’être négligeable en la matière. Et la FFAMHE se doit de le reconnaitre. Et c’est chose faite ! Depuis le 16 Avril, la FFAMHE propose de délivrer des attestations aux instructeurs. Cette reconnaissance officielle de la part de la fédération permettra d’une part, au niveau fédéral, de constituer un réseau d’instructeurs à disposition des associations, des pratiquants isolés et des organisateurs de stages. D’autre part elle pourra être utilisée par les associations et leurs instructeurs pour justifier de l’expérience de ces derniers auprès de tiers (mairie, salles de sport, autres associations, assurances…). Lorsque j’ai émis l’idée de ces attestations, j’ai voulu délibérément baser les critères d’obtention sur deux aspects facilement quantifiables : les années d’expérience au sein d’une association appartenant à la FFAMHE, et le nombre d’ateliers donnés au cours de stages sanctionnés par la FFAMHE. En effet, ces critères sont un bon reflet de la volonté de l’instructeur de partager ses connaissances, pas seulement dans son association, mais également avec le reste de la communauté des AMHE. Finalement, et cela va de soi, on demande à l’instructeur de suivre les bonnes pratiques fédérales en termes de sécurité et en termes de respect des chartes. Au vu des nombreuses demandes d’attestation reçues en moins de deux semaines, cette initiative est un réel succès… Et ce n’est qu’une étape ! Une formation (et un diplôme) pour ceux et celles qui le souhaitent est prévu. Je tiens aussi à rassurer tous les pratiquants et apporter quelques précisions concernant les attestations. Premièrement, la fédération n’empêchera pas les instructeurs n’ayant pas d’attestation de continuer à transmettre leur savoir. Les attestations ne sont pas là pour sanctionner les instructeurs qui n’en ont pas, mais au contraire à les inciter à partager davantage! Par ailleurs, les attestations ne légitiment pas les interprétations. Elles reconnaissent l’expérience dans la transmission d’un savoir. Par conséquent, l’obtention d’une attestation ne pourra être utilisée pour valoriser une interprétation plutôt qu’une autre. La remise en question des interprétations et l’esprit de partage font partie intégrante de nos disciplines et sont les piliers des chartes que les instructeurs acceptent de suivre pour obtenir l’attestation. Je vous encourage donc tous à partager, transmettre et discuter. Et surtout, obtenir vos attestations. Pour cela, rien de plus simple : demandez à votre représentant fédéral de vous fournir le dossier de demande d’attestation. A très bientôt donc, autour d’une source, ou le simulateur à la main ! Sébastien Causse, secrétaire de la FFAMHE. |
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ACTUALITES |
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NOUVELLES PARUTIONS 
Expérimenter le maniement des armes à la fin du Moyen Âge : Parution de l'ouvrage de Daniel Jaquet et Nicolas Baptiste (éds.), revue d'Histoire Suisse, numéro spécial, coll. Itinera 39. Vous y trouverez notamment des contributions d’Audrey Tuaillon-Démesy, Pierre-Henri Bas, Gilles Martinez, Olivier Gourdon, Daniel Jaquet et Nicolas Baptiste Acta Periodica Duellatorum : Parution du nouveau volume d'Acta Periodica Duellatorum, en ligne open-access dès le 10 mai 2016 http://www.degruyter.com/view/j/apd. Si vous voulez commander un exemplaire papier, rendez-vous sur http://www.actaperiodica.org ou bien à Hemac Dijon où il sera présenté. Avec des contributions de Fanny Binard, Olivier Dupuis, Jürg Gassmann, Jan Orkisz, Bert Gevaert, et Alessandro Battistini Annonce: appel pour recension d'ouvrage avec parution dans le prochain volume (2017) du Journal Acta Periodica en anglais (contribution 1000 à 2000 mots, en anglais, idéalement par un chercheur). Date limite de soumission 1er décembre 2016, merci de contacter le journal info@actaperiodica.org Pierre-Alexandre Chaize vient de partager deux articles : -Introduction à la tradition liechtenauerienne Aurélien Nouvion partage un document de travail sur « la mesure dans le manuscrit I.33 » à la suite d’un atelier donné à Nantes le 03 avril 2016 |
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Vous souhaitez trouver d’autres armes ? Rendez-vous sur la bibliothèque de la « School of European Martial Arts » |
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RETOUR SUR LES EVENEMENTS RECENTS |
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Marché « Fous d’Histoire » de Pontoise, 09 – 10 avril 2016
Les 09 et 10 avril 2016, la FFAMHE était présente au dernier marché médiéval de Pontoise. Quelques reconstituteurs sont venus faire notre connaissance, mais également plusieurs futurs AMHEurs et pas mal d'intéressés de la région parisienne, mais également des copains de toute la France ! Deux jours intenses, où les quelques moments calmes ont ponctués les longues discussions avec le public : la présence de tous nos volontaires n'était pas de trop ! Un grand merci à ceux qui donnent ainsi un peu de leur temps à la fédération. Prochain « Pontoise » à Compiègne l'an prochain !
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Harnischfechten Ring
Les 12 et 13 mars 2016, un groupe de passionnés proches de la FFAMHE a pris l'initiative d'organiser la première rencontre armurée francophone. Cette rencontre avait pour but de partager un week-end de travail ouvert, de discussions, de débats et de pratiques autour du combat en armure historique à pied & à cheval. A contrario des stages avec instructeurs, elle a été placée sous le signe de l'échange et des regards croisés, et avait comme objectif secondaire d'estimer si il existait réellement une pratique historique du combat en armure en France, et si nous pouvions établir des ponts et des points de communication entre les pratiquants issus de divers courants (combat sportif, reconstitution, AMH, béhourt...). Nous avons donc partagé avec une dizaine de combattants deux journées de travail au centre équestre de la Houssine à Saint-Sauveur lès Marville près de Chartres. L'enthousiasme et la bonne humeur nous ont accompagnés dès le début. L'ambiance de la première matinée était un peu à la perplexité car, les organisateurs ayant voulu une structure très horizontale et ouverte à la parole de chacun, nous ne savions pas par quel côté aborder le sujet. Une sorte de retour aux sources de l'esprit originel des AMHE. Mais très vite la passion et la qualité des participants ont résolu le problème. Nous avons tout d'abord fait un tour d'horizon des participants et de leur expérience de combat en armure puis, ayant présenté les documents et sources mis à disposition, les discussions et questions ont vite abouti à ce que chacun revête son armure pour des oppositions en harnois (libres dans un premier temps afin de cerner les pratiques des uns et des autres...). L'après-midi s'est ensuite développé autour des assauts libres critiqués par l'ensemble des participants, avec comme objectif d'obtenir une vision plus claire de ce que nous appelions le Harnischfechten : un combat de duel en armure impliquant l'usage de techniques historiques sourcées. Les interrogations étaient alors nombreuses : quand et pourquoi arrêter une action de combat dans le sparring, comment approcher un adversaire, y a-t-il un système tactique sous-jacent aux techniques des manuscrits, etc. ?
Le soir, les discussions ont encore été nombreuses et riches de l'expérience variée des participants au cours du repas partagé au restaurant. La seconde journée nous avons fait de la coupe avec les armes spécialisées (épée de duel judiciaire et hache noble) afin de mesurer l'importance du mouvement juste et l'effrayante efficacité de ces objets. Puis, en parallèle, un travail sur les entrées en lutte et les projections pour le unterhalten, dont l'idée avait été initiée lors d'un débat le jour précédent, et l'essai des plus récentes théories sur la reconstitution du pourpoint d'armes de la fin du XVè siècle. Puis nous avons abordé certains principes de combat à la hache noble sous une forme d'atelier plus conventionnel, qui fût plutôt bienvenu étant donné le niveau de fatigue physique de l'ensemble des participants.
C'est dans l'après-midi du dimanche qu'une majorité des participants quittait les lieux, le sourire aux lèvres et bien décidé à poursuivre le travail du Harnischfechten, laissant aux cavaliers le loisir d'explorer ensemble les bases du combat à cheval, en armure bien sûr ! Ce premier Harnischfechten Ring est donc un franc succès du point de vue tant des participants que des organisateurs et vise, d'un commun accord, à devenir un rassemblement régulier (probablement annuel) et plus largement diffusé qui sera, nous l'espérons, soutenu par la FFAMHE. Il permet aussi d'inscrire la pratique du combat en armure historique de manière certaine dans la liste des pratiques AMHE de la fédération comme discipline à part entière. Thomas Schmuziger |
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ÉVÉNEMENTS A VENIR |
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Stage instructeur FFAMHE – 4 et 5 juin La FFAMHE organise son premier stage instructeur de l'année 2016 ! Ce stage, réservé aux membres de la fédération, est destiné à ceux qui veulent se lancer dans l'instruction des AMHE, ou s'y perfectionner. Ce premier stage aura lieu à Dinan, le 4 et 5 juin 2016. Les places sont limitées à 40 inscrits. Cette édition se focalisera sur la place essentielle de la source dans la pratique des AMHE. Plus de détails concernant les intervenants, la logistique et le programme suivront. A noter que la participation au stage est une condition à remplir pour obtenir l'attestation fédérale d'instructeur de deuxième niveau. A bientôt sur ce stage ! |
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Stages Gilles Martinez (Aegidios, Les Arts d’Athéna) 
Gilles Martinez donnera une série de stages. En partenariat avec l'Académie d'AMHE à Rochemaure, les prochains stages (sur la journée) auront lieu :
Devant le succès des stages "combat féodal", nous envisageons de rajouter une date première quinzaine de juin ; si vous êtes intéressés, vous pouvez nous faire part de vos souhaits.
Contact : academie.amhe@gmail.com |
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HEMAC Dijon 15ème édition - 28 avril au 1er mai 
Dijon 2016, Quinzième édition : c'est dans une semaine ! Si les inscriptions complètes sont closes, vous pouvez encore vous inscrire pour une jounrée ou plus. Plus d'informations en contactant hemacdijon.inscription@gmail.com ou sur le site http://www.hemac-dijon.com Quatre tournois sont prévus : sabre, épée longue, rapière et épée/bocle. Sans compter le concours du plus beau masque peint ! Voici la liste des instructeurs :
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PANAMHE – 30 avril, 1er mai Le prochain PANAMHE aura lieu à Grez sur Loing (77) autour de la thématique: Assauts à thèmes, assauts dirigés, créer et aménager des situations problèmes en jouant sur les différents types d'incertitudes, temporelles, spatiales et évènementielles. La pratique du weekend nourrira une réflexion plus large sur les règles, les conventions et les styles de jeux qu'elles induisent. Un document de synthèse sera édité à l'issue de cette rencontre de travail et de réflexion. |
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STAGE Joachim Meyer avec Roman Vučajnk – 21-22 mai 2016 Médiéval Combat organise un stage dédié à l'escrime de Joachim Meyer, autour des différentes armes du maître et en particulier l'épée longue, l'épée de côté et le dussack. Ce stage exceptionnel sera animé par Roman Vučajnk, un spécialiste du sujet dont la réputation de la pédagogie et la qualité des ateliers n'est plus à faire. Tous les renseignements sur http://stage-meyer.medievalcombat.fr et si vous venez de loin, vous serez même logé par les membres de Médiéval Combat.
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Open AMHE Toulouse – 28 et 29 mai 2016 La deuxième édition de l’Open AMHE Toulouse aura lieu les samedi 28 et 29 Mai 2016 au CREPS de Toulouse. Il contiendra, comme lors de la première édition, le Prix des Deux Epées (=Prix d’épée longue + Prix d’épée-bocle), auquel s’ajoutera cette année le Prix Labat (en honneur au Maître d’Armes toulousain du XVIIIe siècle), ouvert à différentes armes: rapière seule, rapière+dague, rapière+cape, épée de cour, épée de côté (choix d’arme le premier jour de compétition, à conserver tout le tournoi). Les trois tournois sont mixtes masculins/féminins, ouvert à tous les pratiquants majeurs, et l’on peut bien entendu faire deux ou trois tournois en même temps. Liens: http://ostdugriffonnoir.com/events/opentoulouse/ https://www.facebook.com/events/1738802923020130/ http://ostdugriffonnoir.com/wp-content/uploads/2014/12/Regles-open-2.pdf
http://ostdugriffonnoir.com/events/opentoulouse/inscriptions/
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HEMAC Florence – 27 au 29 mai 2016 L'organisation de la troisième édition de l'HEMAC-Florence lance un appel aux personnes désirant présenter leurs travaux. Tous les renseignements sont disponibles ici :
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VILLENEUVE HEMA TOURNAMENT 5ème édition – 18 et 19 juin 2016 Médiéval Combat organise la 5ème édition de son tournoi international avec pas moins de 4 tournois cette année : épée longue, épée bocle, rapière, dussack. Les partenaires sont au rendez-vous avec de superbes lots pour les podiums. Le tout dans une ambiance estivale au bord de la méditerranée, à Villeneuve-Loubet (entre Cannes et Nice). Pour tout renseignement : http://vht.medievalcombat.fr ou contact@medievalcombat.fr
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PARIS HEMA OPEN – 18 et 19 juin 2016 AMHE Paris organise un Open dédié à l’épée longue et à la rapière. Règlements https://www.dropbox.com/sh/6j7z77u4ooudmvj/AAA5HXK8Iu8oTLYHnZr0ObQ5a?dl=0
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INTRODUCTION A LA CONVENTION DES JOUEURS D’EPEES |
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PAR PIERRE-HENRY BAS ET CYRIL DERMINEUR
Depuis quelques mois vous avez pu entendre parler dans les salles d’armes, ou voir fleurir de nombreux commentaires sur la toile au sujet de la Convention des joueurs d’épées. Mais de quoi s’agit-il exactement ? La convention est l’un des aboutissements du travail de thèse de Pierre-Henry Bas en histoire médiévale intitulée : Le combat à la fin du Moyen Âge et dans la première modernité : théories et pratiques, soutenue à l’université Lille III en novembre 2015. Si elle provient initialement des sciences sociales et économiques, la notion de convention s’étend de manière particulièrement intéressante aux sports d’opposition et notamment à l’escrime. Une convention est un système de régulation du comportement individuel lors de situations marquées par l’incertitude, comme l’est par exemple un affrontement entre deux nouveaux partenaires de « sparring ». La Convention des joueurs d’épées est simplement la mise par écrit d’un code conventionnel qui se veut respectueux des contextes technico-pratique et matériel commun à différentes périodes. En étudiant de manière croisée, d’une part le corpus technique décrit dans les livres de combat, les sources judiciaires et les rapports médicaux-légaux qui rendent compte de la réalité du combat de rue, d’autre part, avec enfin, les règlements de salle d’armes, chroniques et tout ce qui se rapporte à la contextualisation des gestes et pratiques qui nous intéressent, nous en sommes arrivés à la conclusion que les assauts et autres « sparrings » que nous pratiquons aujourd’hui sont trop éloignés de ceux des XVe, XVIe et XVIIe siècles. 13 ans d’AMHE, 8 ans de travail universitaire sur le sujet et une bonne expérience en escrime olympique n’atténuent pas l’amertume de ce constat, partagé par tous ceux qui sont attachés au caractère historique de notre pratique. Qu’est-ce qui peut expliquer ce constat ? C’est justement essentiellement une histoire de conventions : ce code presque tacite, qui régit le comportement des deux opposants, mais qui est si profondément intériorisé et très peu explicite. Les conventions majoritairement en usage aujourd’hui au sein des AMHE, naturellement influencées par l’escrime à la touche, par notre vision du sport, par les protections de plus en plus perfectionnées dont nous disposons, ne nous semblent ni permettre l’expression la plus complète des sources et ni respecter véritablement la logique de l’arme. Certes, il y a des années que nous sommes nombreux à avoir abandonné l’idée de restituer des gestes pour la guerre, pour le duel « efficace » ou pour tuer son prochain. Mais à l’inverse, notre engouement pour le sport dans toute son acceptation contemporaine, constitue un prisme qui altère profondément la réalité historique, déforme notre rapport aux sources, et conditionne notre pratique dans une direction qui ne nous parait pas la plus appropriée. Ne restait plus qu’à définir ensemble les conventions qui nous semblaient le mieux correspondre à la fois aux caractéristiques physiques des différentes armes à notre disposition et en même temps à notre aspiration à faire revivre la richesse du corpus de sources qui nous intéresse. Quelles conventions ? Nous ne cherchons pas à jeter l’anathème de l’anachronisme sur nos pratiques actuelles. De tout temps des sociétés ont adaptés des pratiques anciennes à leur époque, en puisant librement dans l’histoire ou dans les cultures exogènes. Nous sommes conscients que nous ne pouvons pas transposer telles que, les conventions qui régissent au Moyen Âge ou sous Louis XIII, les affrontements armés entre deux combattants, même dans un cadre purement ludique. On ne peut pas, par exemple, revenir sur les impératifs en matière de sécurité que garantissent nos protections actuelles. Mais doit-on ignorer pour autant que par exemple, les membres des confréries de joueurs d’épée du XVIe et XVIIe siècles ne portent pratiquement aucune protection ? Il nous apparaît ainsi possible d’adapter les conventions qui président à la pratique ludique de l’escrime ancienne à nos exigences modernes notamment en termes de sécurité. La Convention des joueurs d’épée se veut un outil visant le rapprochement entre notre pratique compétitive et les corpus techniques que nous cherchons à faire revivre. Concrètement elle détermine : comment gagner un assaut ludique aux XVe, XVIe et XVIIe siècles, quels déroulements tactiques je dois respecter et quels gestes ou quelles techniques je peux utiliser pour y parvenir. Ainsi la convention permet de restituer des assauts historiques et de déterminer le vainqueur de cet assaut sur des critères techniques et tactiques respectueux des sources, des caractéristiques physiques de l’arme utilisée et de la biomécanique. Nous n’abordons pas ici le contenu technique, car des ouvrages sont en cours d’éditions, et nous organiserons prochainement, avec l’association REGHT, véritable laboratoire pour cette convention, des stages et des ateliers afin de la faire découvrir ou de la faire travailler. Par la suite des compétitions, avec leurs règlements spécifiques, viendront préciser et adapter cette convention aux différentes traditions étudiées. La mise en place de la Convention des joueurs d’épées passe nécessairement par l’établissement d’un ou plusieurs règlements, sans pour autant s’y limiter. Elle doit être envisagée plus globalement et inclut également un cadre pédagogique plus construit, en déterminant clairement quels sont les objectifs à atteindre et quels exercices sont à mettre en place pour s’y entraîner. Elle offre aussi l’avantage d’être beaucoup plus lisible pour le public et plus claire pour l’arbitrage, tout en demeurant un véritable sport martial, un jeu agonistique où le but reste de gagner, sans rien renier à la richesse et la cohérence de nos corpus techniques. On pourrait résumer notre cheminement en répondant à la question : A quoi me sert d’étudier et de travailler les sources, si elles ne me servent à rien dans le cadre de la compétition ou même d’un simple assaut amical ? Beaucoup de travail déjà accompli et encore plus à accomplir en somme. Mais plein de bonheur et de belles venues à partager ensemble. Nous espérons que notre démarche permette de faire avancer la recherche comme nos pratiques dans le sens de l’histoire, et que les passionnés des livres de combat, des traités et de sport y trouveront pleinement leur compte.
Pierre-Henry Bas Docteur en histoire médiévale Chercheur et combattant professionnel ACTA Instructeur et Vice-président du REGHT Cyril Dermineur Instructeur et Trésorier du REGHT |
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