Bulletin des AMHE n°5 Juin 2013

Lettre d'information officielle de la FFAMHE

Édito du président :

C’est le mois de juin, bientôt l’été… paraît-il. Bien qu’il y ait des gens qui répètent à l’envie « l’hiver vient !», on a plutôt l’impression que ce fichu hiver ne veut pas partir.

Le mois de juin n’est pas très facile. Après un mois de mai traditionnellement entrecoupé de jours fériés et de ponts, après le stage de Dijon, juin est un mois d’intense activité professionnelle et familiale avant les grandes vacances, ce qui impacte notablement l’activité AMHE. La fin de l’année scolaire approchant, les étudiants aussi désertent un peu plus les salles d’entraînement. Courage à ceux qui font vivre leurs activités AMHE et qui préparent des animations pour cet été !

Dans ce bulletin vous y trouverez l’interview d’un instructeur de sabre de l’école Tenshinsho-den Katori Shinto Ryu (http://www.tenshinsho-den-katori-shinto-ryu.fr). Jean-Paul BLOND a participé à quelques séances d’entraînement du PEAMHE, il connaît les AMHE. L’interview n’est certes pas bien longue, mais il y a un symbole, un message : il nous faut garder à l’esprit que les AMHE sont bien des arts martiaux.

La reconstitution est très importante, la démonstration est estimable, mais en fin de compte c’est la pratique qui fait (re)vivre l’art. Que des personnes issues d’autres arts martiaux ou sports de combat s’intéressent aux AMHE est signe que les AMHE, en dépit de leur spécificité liée à la transmission, atteignent un niveau de maturité martial perceptible. La cible à atteindre est la même : maîtrise technique, maîtrise de soi, de son corps et de son esprit. Nous n’avons peut-être pas la même aisance ni la même habileté que les élèves s’exerçant dans les kwoons ou les dojos, mais tous les jours nous progressons et prenons plaisir à le faire. A force de persévérance et de labeur, le savoir-faire vient.

Didier de Grenier, Vice-président.

Événements à venir :

Nouveautés :
29 juin, Rochemaure (Ardèche) :
L’association Académie AMHE organise un stage sur la dague, sous la direction technique de Gilles Martinez. L’enseignement s’appuie sur l’œuvre de Fiore dei Liberi.
La fiche d’inscription est accessible ici.

8-13 juillet, Latour-de-France (66720) :
L’association École catalane de combat médiéval propose un stage estival dédié au maniement des armes. Une formule est proposée aux participants qui peuvent, selon leurs disponibilités, choisir de participer à une ou plusieurs journées.
Cliquez ici pour lire la fiche d’inscription

Rappel :
06-07 juillet, Auch (32 000) :
Il ne vous reste que peu de temps pour vous inscrire au stage d’épée de cour organisé à Auch au début du mois prochain.
Le programme et la fiche d’inscription sont disponibles ici.

La compagnie Saint Guilhem organise un stage autour de l’épée/bocle et la hache d’arme le 1er et 2 aout 2013 à Largentière :
Les instructeurs sont Laurent Fraile pour l’épée/bocle et Steve Planchin pour la hache de pas. Pour en savoir plus sur ce stage, voyez la fiche d’inscription.

AMHE-IDF 2013 :
La 5e édition du stage AMHE-IDF se déroulera à L'Isle-Adam (95) les 19 et 20 octobre 2013.
Les inscriptions seront ouvertes en juin. Vous pouvez d’ores et déjà noter ces dates dans vos agendas !

Actualité des AMHE :

Rencontre Panamhe :
Plusieurs membres des associations Peamhe, Créatif, Compagnons d’armes de la Tour d’Auvergne, Chapitre des armes, USAE et Artes Belli se sont réunis dimanche 26 mai à Fontainebleau. La journée a débuté par une discussion en marchant dans le magnifique parc du château de Fontainebleau. L’après-midi, les pratiquants se sont retrouvés dans un gymnase pour débattre autour d’une pièce spécifique de l’escrime de Johannes Liechtenauer : le schielhau, que l’on peut traduire par coup lorgnant.
Un compte rendu vidéo de ces échanges est disponible à cette adresse :
http://www.youtube.com/watch?v=Is9HyvVRJ3E.

Dinan, la rencontre du Grand (phare) Ouest :
Les associations d’AMHE de l’Ouest se sont réunies le dimanche 2 juin à Dinan pour une journée d’échange. Étaient présentes les associations suivantes : Confrérie de la corneille, AMHE du Maine, CELN, Compagnie Dagorlad, CESAMM Bretagne, Spathae Cadomum, Peamhe (certes cette dernière association est parisienne, néanmoins certains de ses membres ont fait le déplacement pour l’occasion). Différents pôles d’animation ont été mis en place. Entre l’épée longue, la lutte, le messer, l’épée bocle, le pugilat, la dague et le sabre militaire, les participants ont trouvé de quoi apprendre et éprouver leur art. Plusieurs journalistes sont passés durant l’événement, ce qui a donné lieu à un article dans le journal Ouest France.

Article Ouest France

Photo tirée du journal Ouest France du lundi 3 juin 2013.

Nouvelles affiliations à la FFAMHE:
La fédération française des AMHE est heureuse d’accueillir en son sein deux nouvelles associations. Il s’agit du CERF (La lance libre) et l’Académie AMHE. La première, située à Clermont-Ferrand, étudie l’épée allemande, l’épée bocle et le combat antique. La seconde, dont le siège social est à Rochemaure, travaille sur l’épée-bouclier du XIe au XIIIe siècle et l’art du combat de Fiore dei Liberi.
Vous pouvez consulter le site Internet de l’association Académie AMHE à cette adresse :
http://academieamhe.jimdo.com

Projet PALAS :
La FFAMHE a récemment financé la numérisation d’un nouvel ouvrage. Il s’agit d’un traité sur le maniement de la baïonnette écrit par Jean Jules Gaston et publié en 1910). Cette numérisation fait suite à celle du traité de Jean de Brye. Avec ces deux numérisations, la fédération entend jeter les bases d’un projet plus vaste : le Projet d’Accès Libres Aux Sources. PALAS est né du constat qu’il existe de nombreux ouvrages dans les bibliothèques européennes encore inaccessibles aux pratiquants d’AMHE. La fédération souhaite procéder à leur numérisation et à leur diffusion sur une banque de données numérique accessible à tous.
Pour en savoir plus sur PALAS et sa collection, suivez ce lien.

Interview de Jean-Paul BLOND

Shidosha (instructeur) de sabre, école Tenshinsho-den Katori Shinto Ryu.
Interviewer : Gaëtan Marain
Gaëtan : Jean-Paul, tu pratiques le sabre japonais depuis 30 ans, pourrais-tu nous présenter en quelques mots l’école Tenshinsho-den Katori Shinto Ryu ?

Jean-Paul Blond

Jean-Paul : C’est la plus vieille tradition martiale dont il existe des traces historiques. C’est une école créée après une révélation spirituelle reçu par son fondateur, suite à une longue ascèse de 1000 jours. Son crédo de base est « Heiho wa, heiho nari » l’art de la guerre est la voie de la paix.

Gaëtan : Nous avons déjà pu échanger sur nos pratiques et tu sais à quoi correspondent les AMHE. Pourrait-on dire que le Katori est un AMHO (art martial historique oriental) ?

Jean-Paul : Oui, voir même un AMHJ.

Gaëtan : Lors d’une de nos rencontres, tu avais souligné l’importance de « l’unité » du corps, accepterais-tu de développer ce point pour nos lecteurs ?

Jean-Paul : L’unité du corps est la base physique de l’instantanéité de réponse à une attaque à l’arme blanche, que ce soit pour désarmer ou abattre son adversaire dans le temps de celle ci, tout retard risquant d’être fatal. Bien entendu un travail sur la stabilité émotionnelle et la totale disponibilité du mental doivent compléter cette base.

Gaëtan : Qu’est-ce que la « justesse » dans la pratique d’un art martial ?

Jean-Paul : C’est fondamentalement, en toute circonstance, d’avoir la technique adéquate, à la bonne distance, au bon moment avec l’attitude mentale correcte, et à un niveau plus avancé, d’avoir la lucidité et la clairvoyance d’éviter ou d’empêcher le combat avant qu’il ne se déclare.

Gaëtan : Un pratiquant assidu de iaido (école Muso Jikiden Eishin Ryu) m’a dit qu’il fallait tenir le sabre comme si la main gauche tenait un parapluie et comme si la droite tenait un œuf. J’ai trouvé cette image éclairante. Cela correspond-il à la façon dont tu tiens le sabre ? Sinon, quels sont tes mots pour expliquer la tenue de l’arme ?

Jean-Paul : Dans notre tradition martiale, il est dit que l’on doit tenir le sabre, comme si chaque main tenait un œuf. Mais en fait, par une éducation correcte du corps unifié par sa structure tendineuse et ligamentaire, le sabre est physiquement connecté avec la motricité.

Gaëtan : Enfin, pour le plaisir, je ne résiste pas à l’envie de te demander de nous narrer l’anecdote concernant la différence entre les pratiquants d’arts martiaux japonais, américains et français.

Jean-Paul : Un jour, un journaliste demanda à Morihei Ueshiba, le fondateur de l’Aikido, s’il avait perçu des différences dans la façon d’appréhender les choses, chez ses élèves de diverses nationalités. Il répondit sans hésiter « Les japonais veulent savoir quoi faire, les américains comment le faire et les français pourquoi le faire ».