Il y a 10 ans, je ne connaissais rien des AMHE. Je pratiquais l’épée moderne, d’abord à la salle d’armes de la Garde Républicaine puis à celle de l’Ecole Militaire à Paris. J’avais touché à l’escrime artistique, escrime à laquelle je me suis mis sérieusement de 2004 à 2007. Puis à plusieurs formes d’escrimes avec des simulateurs d’armes médiévales, avec pour but de participer à des tournois à la touche, sans estoc. C’est aussi vers ce moment-là que j’ai commencé les AMHE, avec Pierre Alexandre Chaize et Simon Blanchet. Avec environ 5 ans d’AMHE, je suis un « jeune » du milieu, avec un parcours peut-être plus typique des nouvelles générations de pratiquants. Durant ces 5 ans, j’ai assisté à une explosion de la pratique, en France et à travers le monde, une sorte de HEMA boom. En France, on est passé d’un stage annuel à une moyenne de plusieurs par mois. Le nombre d’associations et de pratiquants d’AMHE a plus que doublé en quelques années, un essor auquel la toute jeune FFAMHE a beaucoup contribué. A travers le monde, les pratiquants ont à présent accès à du matériel développé spécifiquement pour les AMHE, par des pratiquants. Et ce développement continue, le progauntlet de Maarten Kamphuis et Youval Kuipers en est le parfait exemple. Ce développement est par ailleurs lui-même un indicateur de la vitalité de la pratique, car c’est le nombre de pratiquants qui va déterminer si le marché est suffisamment conséquent pour y investir.

La communauté des AMHE s’est donc bien développée et installée en France. Mais c’est loin d’être fini ! Il y a encore beaucoup à faire, c’est même maintenant qu’il y a le plus à faire. Avec la taille de la communauté, on voit augmenter aussi la diversité des pratiques, des styles, des armes étudiées ; cependant notre démarche commune et notre rapport aux sources historiques sont ce qui fait que nous pratiquons tous la même chose : des arts martiaux, historiques, et européens. Cette démarche nous est commune, mais les objectifs personnels des pratiquants sont très variés : notre communauté est formée de pratiquants de toutes sortes, des dilettantes à ceux visant des compétitions, en passant par ceux intéressés uniquement par l’interprétation de sources, le partage et l’instruction, ou par certaines armes. De même, l’investissement des pratiquants est variable. Pour la vieille garde, tout restait à faire : la recherche de sources, la transcription et la traduction de ces sources, l’interprétation, puis la mise en pratique. A présent, le nombre de pratiquants augmente mais la proportion de ceux qui se penchent sur les sources, même traduites, diminue. C’est tout simplement que les objectifs des pratiquants changent. Dans les autres arts martiaux, la grande majorité des pratiquants entre dans cette catégorie. Ces pratiquants dépendent d’instructeurs pour les guider. Cela soulève un problème que Keith Farrel mentionne dans son interview : connaitre les sources, ou être bon dans le maniement des simulateurs ne fait pas de quelqu’un un bon instructeur. Enseigner est quelque chose qui s’apprend.

Le but de la FFAMHE est de faire en sorte que tous puissent s’y retrouver : que chacun ait accès à des sources historiques, notamment de nouvelles sources grâce au projet PALAS. Mais il s’agit aussi d’aider les pratiquants dans leurs interprétations de sources. Et finalement, la FFAMHE est aussi là pour aider ces pratiquants à transmettre leurs interprétations et que ceux qui apprennent d’eux puissent disposer d’un enseignement efficace dans les sujets qui les intéressent, le prix Philippe Errard va dans ce sens. C’est une tâche ardue que la FFAMHE se propose de réaliser, sans solution simple. Ces objectifs peuvent paraitre indépendants, mais en réalité forment un ensemble qui se doit d’être cohérent. La FFAMHE ne peut bâcler un tel travail, ce serait desservir la pratique des AMHE en France. Mais les choses avancent, et nous sommes sur le bon chemin. Rome ne s’est pas faite en un jour, et si ça avait été le cas, ce ne serait pas la Rome que l’on connait.

La 5e édition du stage AMHE-IDF se déroulera à L'Isle-Adam (95) les 19 et 20 octobre 2013. Les inscriptions sont désormais ouvertes, vous pouvez donc vous inscrire :
http://www.ffamhe.fr/docs/guide_pratique_amhe_idf_2013.pdf

Les instructeurs sont Laurent Fraile pour l’épée/bocle et Steve Planchin pour la hache de pas. Pour en savoir plus sur ce stage, voyez la fiche d’inscription.

Le stage d’épée de cour a bien eu lieu le week-end des 6 et 7 juillets à Auch, les stagiaires ont l’air d’avoir beaucoup apprécié cet événement. Les premiers retours d’expérience sont accessibles sur le forum AMHE on web : http://www.amheonweb.net/forum/viewtopic.php?f=6&t=270&start=50. Le stage ayant été filmé, une vidéo de présentation de l’épée de cour est à attendre !

Gautier Petit a mis à la disposition de la communauté AMHE une traduction et étude du livre de combat rédigé par Philippo Vadi entre 1482 et 1487. Le document Pdf est accessible à cette adresse :
http://ostdugriffonnoir.com/medias/2013/04/Ep%C3%A9e_longue_selon_Vadi_Int%C3%A9grale.pdf

Face à la recrudescence des assauts au simulateur acier, les gants de hockey sur glace et de lacrosse – pis-aller traditionnel des AMHE pour se garantir les mains –, montrent leurs limites. Pour répondre au besoin de protection des mains, plusieurs initiatives ont été lancées. Évoquons d’abord l’équipementier américain Black Lance Technologies qui propose un nouveau modèle de gants dédié à la pratique avec simulateurs en acier. Contrairement à leurs prédécesseurs, ces gants spécifiques aux AMHE n’ont pas adopté la forme de mitons, mais celle de gants classiques laissant aux 5 doigts de la main une entière liberté. Une revue de ces gants par Roger Norling est disponible à cette adresse : http://www.hroarr.com/black-lance-5-finger-hema-gloves/.

D’autres initiatives du même genre peuvent être citées, bien que leur processus de création ne soit pas encore achevé. Au terme d’un appel aux dons réussi, les deux créateurs Maarten Kamphuis et Youval Kuipers planchent actuellement sur la réalisation d’un modèle de gants propres aux AMHE. Pour en savoir plus sur ce projet « Pro Gauntlet », suivez ce lien : http://www.progauntlet.com/progauntlet/. Un autre projet de réalisation de gants confortables est également à l’œuvre. Il s’agit de « Confort Fencing » dont on peut suivre les avancées sur ce lien : https://www.facebook.com/ComfortFencing.

Thibaud Pascual est désormais partenaire de la FFAMHE. Ce forgeron propose une gamme de simulateurs acier correspondant aux besoins de notre discipline. D’après les premiers retours, ces simulateurs sont légers, agiles, agréables à manier et très esthétiques. Nous vous invitons à visiter la page de ce forgeron talentueux :
http://www.thibaud-pascual-forgeron.book.fr/galeries/epee-a-m-h-e/

Un nouveau traité numérisé est désormais disponible au sein de la Collection PALAS. Il s'agit cette fois d'un ouvrage sur la lutte écrit par Léon Ville et publié en 1891. Plus de la moitié du livre traite non pas des techniques de lutte, mais de son histoire, de sa pratique, des compétitions etc... On en apprend ainsi davantage sur la place de cette discipline à la fin du XIXème siècle.
Cliquez ici pour accéder à la numérisation.

Bonjour Gaths ! J'ai découvert les AMHE en 2008 lors de ma deuxième année d'études à l'Université de Glasgow. Je pratiquais alors le karaté depuis 1998, et, à partir de 2004, j’ai également participé à des reconstitutions historiques de batailles. Quand j'ai appris que Ben Kerr avait créé un club enseignant l’escrime historique à l'Université de Glasgow, j’y ai vu la voie la plus évidente pour fusionner mes intérêts dans le combat à l’épée et les arts martiaux !

Cependant, cela n'a pas été aussi simple que cela. Au début, j'ai eu du mal à accepter que les manuels historiques étaient « un mal nécessaire »; je croyais qu'ils étaient inutiles. Mon problème était que j'avais déjà une grande expérience et beaucoup de compétences dans les arts martiaux, et que je les avais en outre enseignés pendant huit ans, si bien qu’il était donc impossible pour mes camarades de me passer des techniques issues des manuscrits et de les réussir. Pour compliquer le problème, nous travaillions à partir d'images mêlées issues de Talhoffer et du Codex Wallerstein ; les AMHE qui étaient enseignées étaient donc davantage une compilation de trucs et d’astuces plutôt qu'un programme structuré dans un système compréhensible et sensé. Je n’étais pas du tout impressionné par le niveau général de l’enseignement dans les clubs ou dans les événements AMHE où je suis allé, et c’est ainsi qu’au début j’ai vu les AMHE comme une compilation de non-sens.

Après environ un an, j’ai pensé que peut-être le problème était qu’il n’y avait simplement personne capable de m’enseigner les AMHE selon les standards dont j’avais besoin pour apprendre. J’avais besoin d’y être introduit selon un système structuré et intuitif, avec l’aide d’un instructeur expérimenté, et non avec une collection d’astuces enseignées par des gens qui venaient de finir la lecture d’une page d’un manuscrit particulier. Comme il n’y avait personne autour de moi capable de m’enseigner à ce niveau, ma seule solution était d’oublier tout ce que j’avais appris auparavant, de lire les sources par moi-même et de repartir de zéro.

J’ai embrigadé mon co-instructeur Alex Bourdas dans cette tâche, et ensemble nous avons commencé à étudier l’épée longue selon Liechtenauer d’une façon sensée et structurée. Après avoir lu le HS3227a, j’ai réalisé qu’il existait un système basé sur des principes sensés et identifiables – si seulement quelqu’un m’avait présenté ce système comme cela, je n’aurais pas eu à l’élaborer moi-même ! Après cela, j’ai lu le traité de Ringeck, puis tout ce qui me tombait sous la main. Je me suis immergé de plus en plus profondément dans les sources, passant d’une interprétation à une autre, et petit à petit j’ai développé ce système que j’enseigne maintenant lors d’événements nationaux et internationaux.

La clé de tout cela était de présenter un système sensé. Une collection aléatoire de coups et de pièces n’était pas assez bonne de mon point de vue d’étudiant en arts martiaux. Une fois que ma compréhension des AMHE s’est transformée en un système cohérent, j’ai vraiment commencé à apprécier les AMHE, et maintenant c’est toute ma vie. Il ya toujours quelque chose de nouveau à apprendre, quelque chose qui me pousse à me surpasser pour devenir un meilleur pratiquant et instructeur. Je suis vraiment heureux que Ben Kerr ait ouvert ce club à l’Université de Glasgow et qu'il m’ait donné l’opportunité de commencer cette odyssée.

Certainement. Les AMHE sont présents en Écosse depuis assez longtemps ; la Dawn Duellist Society existe depuis 1994 ! Cependant, la scène écossaise n’a pas toujours été ouverte aux nouveaux venus, et nous avons voulu changer cela, pour la rendre plus ouverte et accueillante à l’égard des nouveaux pratiquants. Notre club à l’Université de Glasgow (GUCDS) a été pour nous la rampe de lancement de l’Academy of Historical Arts. Ben et moi avons repris l’Academy et nous l’avons fusionné avec Corsair’s Ware, et ce sont deux composantes d’une société que nous avons crée ; cette dernière [Triquetra Services] a obtenu le statut d' « organisme de bienfaisance pour l'étude de l’héritage, de l'histoire et du patrimoine », en rapport avec les activités de l'Academy [ce statut, « registred charity », n'existe pas en France]. Cette partie « bienfaisance » est opérationnelle depuis 2011, et maintenant nous avons 160 étudiants dans le pays. Nous espérons atteindre les 200 étudiants d’ici la fin de l’année.

Une grande partie du développement des AMHE sur la scène écossaise c’est fait par l'ouverture de nouveaux clubs, par le soutien de clubs déjà existant et aussi par l'organisation d'événements, qui ont permis d'une manière générale une meilleure accessibilité à notre activité. Sans un accès facile aux clubs, à l'équipement, aux événements et aux professeurs expérimentés, il serait très difficile de faire évoluer notre activité ou de l'étendre significativement ! Par conséquent, une large part de notre temps est utilisée à la professionnalisation des AMHE en Écosse, et à l’aide au maintien d’un bon niveau de base. Une fois qu'il y aura une autosuffisance de la communauté avec beaucoup d'événements, de clubs et de professeurs reconnus, la communauté écossaise des AMHE pourra jouer un plus grand rôle sur la scène mondiale.

Enfin, il convient de mentionner notre étroite collaboration avec l'Université et les musées de Glasgow. Nous avons beaucoup de chances d'être basés là-bas, surtout que les musées de Glasgow ont une des plus belles collections d'armes historiques, d'armures et de livres reliés au monde. Ben [Kerr] et moi sommes en bon termes avec le Dr Ralph Moffat, le conservateur des armes et armures européennes au Musée de Kelvingrove, et c'est à travers cette association que nous avons pu participer à la conférence de R.L Scott en 2012, réunissant des universitaires, des pratiquants des AMHE et des particuliers intéressés par le sujet, de trois continents différents ! Cette association avec l'université et les musées nous a beaucoup aidés, et nous croyons que cela peut être la valeur ajoutée à ce que l'Academy peut offrir à ses membres et au reste de la communauté.

Le Broadsword and targe est malheureusement très peu documenté. Les écossais (et les highlanders en particuliers) ont une tradition orale de transmission du savoir de génération en génération ; il en résulte qu’un grand nombre d'informations s’est perdu avec le temps. Cependant, il existe une poignée de sources, et avec l'Academy, nous travaillons dessus pour développer notre compréhension de cette discipline. Nous arrivons au point où nous pensons avoir une bonne méthode de travail, et nous espérons d’ici la fin de l’année produire des DVD pour aider les gens à apprendre notre méthode.

Nous avons également travaillé avec le régiment écossais de broadsword (sans targe), et cela nous a beaucoup informés sur ce que nous devions faire également avec la targe. Ce qui serait intéressant de pratiquer un jour, c'est la hache de Lochaber : une grande hache à deux mains. Il y a encore moins d'informations sur ce sujet que sur le broadsword and targe, et donc ce sera encore plus expérimental, et ce sera certainement plus pour le fun que pour une étude sérieuse.

Ah, c'est un sujet qui m'est très cher. Je crois que les professeurs expérimentés sont importants, des professeurs qui savent comment enseigner. Tous les professeurs n'ont pas besoin d'être des combattants hors pair, ça aide bien sûr, et un enseignant qui est aussi un bon combattant est un atout dans un club ou une école, mais la caractéristique la plus importante pour un professeur est son aptitude à enseigner.

Dans l’Academy of Historical Arts, nous avons développé un Corps d'instructeurs, formés et qualifiés. Ce sont les seules personnes autorisées à porter un tee-shirt noir durant nos événements ; les autres instructeurs peuvent diriger des clubs et des activités, mais seuls les membres du Corps, qui sont suffisamment expérimentés et formés dans l’enseignement et la préparation ont le droit de porter le tee-shirt noir officiel. Bientôt, nous espérons étendre nos cours d'enseignement et les offrir à des gens d'autres organisations ; et peut-être que ce genre de chose pourrait apparaître aussi bien dans les événements que lors d’ateliers d'escrime.

Je pense que dans les années qui arrivent, il y aura un plus grand nombre de professeurs qui pourront enseigner à un niveau professionnel, ce qui aidera la communauté à aller de l’avant. Il y aura également plus de programmes d'aides dans l'apprentissage de l'art d'enseigner aux nouveaux instructeurs, ce qui pourrait aider de façon significative la communauté.

Je suis dans une procédure de planification et je commence à écrire un livre sur la façon d'enseigner les arts martiaux pour les instructeurs des AMHE, en espérant que ce livre sera précieux pour aider les personnes à apprendre cette aptitude.

Mon impression sur les AMHE en France est qu'ils grandissent exceptionnellement vite ! Il y a beaucoup de clubs qui prennent un rôle actif dans la communauté française, et beaucoup d'instructeurs qualifiés et aussi dévoués à l’enseignement autant qu’il est possible de l’être. Je crois qu’il y a beaucoup de similitudes entre la scène des AMHE française et la scène écossaise : les deux étaient assez petites jusqu'à récemment mais ont explosé en taille très rapidement au cours des deux dernières années ! C'est une chose très saine.

Je n'ai aucun doute sur le fait que de nouveaux événements français vont s'agrandir en taille et en popularité et deviendra une part des événements importants de la scène internationale comme l'HEMAC Dijon. En quelques années, je suis certain qu'il y aura plus d'événements ouverts en France, et je pense que j'aurai besoin de pratiquer mon français et de me souvenir un peu plus de cette langue !