Le mois d’août est la période creuse pour la plupart des groupes d’AMHE. Les salles municipales ont fermé leurs portes, les adhérents sont partis en vacances. Seule une poignée de pratiquants continue de s’entraîner cahin-caha dans des parcs lorsque la chaleur n’est pas trop accablante.

Pour ce bulletin aoutien, nous avons voulu insister sur l’aspect social des AMHE. Qui pratique cette activité singulière ? Quelles sont les spécificités de cette petite communauté par rapport aux autres arts martiaux ? Pour appréhender ces questions, nous avons demandé à deux amheurs de partager leur point de vue. Chloé et Vivien sont investis de longue date dans les AMHE et ont toujours défendu le caractère « bon enfant » de la discipline. Pour eux, les « à-côtés » des rencontres d’AMHE comptent autant que la pratique avec les armes à la main.

Avant de présenter les actualités et de leur céder la plume, j’aimerais souligner deux points qui me paraissent essentiels pour comprendre la singularité sociale de notre discipline. D’abord, il s’agit d’une activité relativement nouvelle et qui compte encore peu de pratiquants. Les « grands anciens » ont accumulé une quinzaine d’années de pratique tout au plus. Auprès d’arts martiaux plus classiques où il n’est pas rare de croiser des gens ayant accumulé une trentaine d’années d’expérience sinon plus, nous faisons figure de jeunots. L’intégration dans cette communauté jeune et restreinte est relativement facile. Moyennant du travail ou une participation régulière aux divers stages, on en vient vite à connaître « tout le monde ». Par ailleurs, pratiquer soi-même des AMHE est un sésame suffisant pour intégrer n’importe quelle salle le temps des vacances ou d’un passage dans telle ou telle ville. Outre l’accueil à la salle, les amheurs du coin seront bien souvent heureux de vous inviter à boire un verre voire, vous proposeront de vous héberger pour vous dépanner [cf. sur ce dernier point l’initiative du sword surfing : https://swordsurfing.com/ ]. Beaucoup d’étudiants sans le sou ont ainsi pu se forger une vraie expérience martiale grâce à l’hospitalité des amheurs.

L’autre point, c’est la présence massive des amheurs sur la toile. D’abord sur les mailing-lists, puis sur les forums et plus récemment sur les réseaux sociaux, les amheurs ont envahi Internet. Du coup, l’information circule vite : telle traduction est à présent en ligne, tel événement se constitue en Suède, en Écosse ou à Brive-la-Gaillarde. Malgré les kilomètres qui nous séparent entre Paris et Göteborg ou Montréal et Dijon, une impression de proximité règne.

Ces caractéristiques brossées à grands traits sont le fait d’une communauté relativement jeune et sans doute tout cela est-il appelé à évoluer dans les années à venir. Certains, dont Chloé et Vivien, ont d’ores et déjà entrepris de préserver cet état d’esprit joyeux.

La 5e édition du stage AMHE-IDF se déroulera à L'Isle-Adam (95) les 19 et 20 octobre 2013. Les inscriptions sont désormais ouvertes, vous pouvez donc vous inscrire : http://www.ffamhe.fr/docs/guide_pratique_amhe_idf_2013.pdf

À l’occasion de la publication de ce septième numéro du Bulletin, nous sommes heureux de vous annoncer que désormais 300 personnes lisent le bulletin chaque mois. Nous espérons à l’avenir augmenter ce nombre, pour cela n’hésitez pas à en faire la promotion dans vos clubs respectifs.

Un groupe de passionnés réunis autour de Guy Windsor souhaitent créer un jeu de cartes basé sur les techniques de Fiore dei Liberi. La présentation du jeu et l’appel au don pour lancer la production sont accessibles ici : http://www.indiegogo.com/projects/audatia-the-medieval-swordfighting-card-game

Pierre-Henri Bas a rédigé un article sur l’art du combat germanique récemment paru dans la revue L’Année Mosaïque. Voici les références de l’article : P.-H. BAS, « L’art du combat germanique : images didactiques et gestes martiaux (XVe-XVIe siècles) », in L’Année Mosaïque. Revue de jeunes chercheurs en sciences humaines, 2013, n° 2, p. 45. (lien de la revue : http://revuemosaique.net/).

Keith Farell (dont l’interview a été publiée dans le précédent Bulletin) et Alex Bourdas sont les auteurs d’un Guide sur la pratique de l’épée germanique. Leur ouvrage vient d’être publié et devrait être disponible sou peu. Les deux auteurs proposent une synthèse de leurs recherches sur la tradition liechtenauerienne. L’ouvrage est en fait un guide adressé aux personnes qui n’ont eu connaissance de cette tradition que par l’intermédiaire d’un instructeur et qui souhaiteraient mettre elles-mêmes le nez dans les sources. Un lien présentant le livre est accessible ici :
http://www.historical-academy.co.uk/publishing/german-longsword-study-guide.php

Début juillet, deux reporters étaient présents à Dijon dans le cadre de leur Tour du Monde des Arts Martiaux. Pour clore la journée, l’un des journalistes a fait part de son ressenti : les arts martiaux ce n’est pas seulement une pratique sportive avec des gens qui se tapent dessus, c’est beaucoup plus que ça, c’est une passion, une culture commune.
Ses paroles nous ont immédiatement parlé pour la composition de cet article, car l’aspect social des AMHE nous tient particulièrement à cœur.

Une question qu’on nous a posée : pourquoi une telle solidarité et une telle ambiance au sein des AMHE ? Est-ce dû à un public « fun » ? A voir les fortes personnalités au premier abord, on peut en douter. Peut-être alors du fait d’une population de jeunes « fêtards » ? A en juger par la mixité des générations, ajoutée au fait que les « jeunes » ne sont pas forcément toujours les plus fêtards, cette question ne se pose même pas. Par contre, le fait que cela pourrait être dû à une communauté restreinte est une idée qui nous semble tout à fait valable. Le monde des AMHE est un petit monde où chacun, s’il fait l’effort de se déplacer ou de s’intéresser aux autres, peut se connaître.

D’où l’intérêt de participer aux différents rassemblements qu’ils soient français ou étrangers, car ces évènements se découpent toujours en deux parties avec un côté pratique sérieuse, recherche, échanges sur les travaux réalisés, en journée et un autre convivial tout aussi important en soirée. Ces deux parties se trouvent intimement liées, car grâce aux contacts amicaux pendant la soirée on en vient à respecter la personne en face de soi en journée (et tout particulièrement lors des sparrings) qui se voit être non pas un adversaire, mais bien un partenaire.
L’importance des stages est d’enrichir ses connaissances, mais également de retrouver des copains ou s’en faire de nouveaux. Un stage comme L’Isle-Adam, géographiquement très bien situé pour réunir des participants venant de toute la France, est un lieu de rencontre idéal (la prochaine édition de L’Isle-Adam aura lieu les 19 et 20 octobre prochains). Ce stage rejoint bien l’idée des deux parties citées auparavant, travail, recherche et pratique dans la journée et côté détente, convivialité autour de bon(s) verre(s) et d’un bon repas (parce que c’est aussi ça un stage réussi). Ce stage est aussi le lieu où se tient l’assemblée générale de la FFAMHE, ce qui donne l’occasion de côtoyer les personnages importants sans qui les AMHE en France n’existeraient pas (et sans qui nous ne serions pas en train de nous gratter la tête pour écrire cet article).

A l’inverse d’autres pratiques martiales, nous n’avons pas de « grands maîtres » avec la science infuse, car comme l’archéologie et l’histoire, dans notre pratique il n’y a pas de « vérité ». Et c’est là que l’on peut saluer le travail constant de remise en question des instructeurs qui recherchent toujours de nouvelles interprétations. C’est cette singularité de notre discipline qui fait que les « grands messieurs » de notre milieu restent tout à fait accessibles. Mais cela n’empêche pas que nous leur devons reconnaissance et respect.

Pour en finir avec les stages, ce sont des endroits où il est possible de faire de belles rencontres, ce qui peut être utile dans la vie de tous les jours. Pour donner un exemple personnel, nous deux membres de « De Taille et d’Estoc » à Dijon, pour des raisons professionnelles, nous sommes arrivés à Nantes et au lieu de se retrouver seuls dans une ville qui nous était inconnue, nous avons été accueillis à bras ouverts par les membres du « Cercle des Escrimeurs Libres Nantais ». On peut d’ailleurs constater, dans d’autres cas, que les AMHeurs savent faire preuve d’un soutien moral dans les moments difficiles, mais aussi que les AMHE peuvent permettre d’offrir une place à une personne qui n’en a jamais trouvé ailleurs.

Enfin, être ou devenir AMHeur, c’est rentrer dans une grande famille où les gens se respectent, échangent, partagent, se serrent les coudes et où l’humour et la convivialité sont des éléments majeurs.
En définitive, rentrer dans le monde des AMHE, c’est élargir son cercle social.